
Jean-François Bohnert à Paris le 17 octobre 2019 ( AFP / Eric Feferberg )
Le procureur financier Jean-François Bohnert a assuré lundi avoir poursuivi sans "haine" Nicolas Sarkozy dans le dossier dit du financement libyen qui a valu une lourde condamnation à l'ex-chef de l'Etat, le président du tribunal judiciaire de Paris balayant pour sa part les accusations d'"atteinte à l'Etat de droit".
Depuis sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris jeudi à cinq ans de prison assortie d'un prochain placement en détention, pour avoir "laissé ses proches" démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi afin de financer sa campagne de 2007, l'ancien président ne cesse de fustiger une décision motivée selon lui par la "haine" des magistrats.
"Nous n'avons pas de haine à exprimer (...). Notre boussole, c'est le droit, c'est la règle de droit", a déclaré le chef du Parquet national financier (PNF) sur RTL.
Jean-François Bohnert a par ailleurs jugé "proprement insupportables et inadmissibles" les menaces visant depuis le jugement la présidente de la chambre correctionnelle qui a condamné Nicolas Sarkozy, des attaques dénoncées jusqu'au sommet de l'Etat et qui ont conduit à l'ouverture de deux enquêtes judiciaires.
"On est en train de marcher sur la tête. Quand on vient critiquer avec violence et menace de mort un tribunal, c'est l'Etat de droit qui est menacé. Et l'Etat de droit, c'est le socle de la démocratie", a ajouté le chef du PNF.
Ce qui "est une atteinte à l'Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges" et non un jugement "rendu minutieusement", a abondé lundi sur France Inter le président du tribunal judiciaire de Paris Peimane Ghaleh-Marzban.
Dans un entretien au JDD après sa condamnation, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées".
"Ce qui se passe dans notre pays aujourd'hui est grave. C'est une véritable dérive dans notre démocratie", a-t-il ajouté.
"Dans la pratique judiciaire, cinq ans d'emprisonnement, il y a très habituellement un mandat de dépôt" et "les menottes auraient dû être passées à la barre à M. Sarkozy", a encore expliqué Peimane Ghaleh-Marzban. Or, le fait d'assortir la décision d'un effet différé, "c'est justement avoir tenu compte de la situation professionnelle de Nicolas Sarkozy".
"J'ai l'impression que les uns et les autres découvrent la réalité de la justice de notre pays. Mais tous les jours, allez en comparution immédiate, les personnes sont incarcérées alors qu'elles peuvent faire appel", a-t-il encore assuré.
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